
Et quand l'un ou l'autre gagne un "clasico", c'est un acte de guerre déclaré à l'adversaire, ou à l'arbitre. Pour exemple, les deux unes ci-dessous, la première accusant l'arbitre d'avoir faussé le match, la seconde se riant du score (5-0) comme dans une cour de récré. "L'Espagne vit pour le foot et en particulier pour ces deux clubs, selon Juan Pedo Quiñonero, journaliste au quotidien généraliste ABC. Cette presse a toutes les raisons de surfer sur ces passions, les déchaîner, et continuer ainsi à bien gagner sa vie. Mais même sans parler d'argent, on ressent l'influence de la culture latino-américaine et sa déraison footballistique, celle-là même qui fait crier 'gooooooool' aux journalistes radio comme en Argentine."

Aux autres clubs point de salut ? Mundo Deportivo possède une édition à Madrid focalisée sur... l'Atletico Madrid et une édition basque pour les deux clubs locaux, As paraît à Séville et s'intéresse au FC Séville, et Marca fait vendredi sa une sur la performance de l'Atletico Madrid, vainqueur la veille en Ligue Europa. Culture locale, toujours. En Espagne, pas de L'Equipe ou de Gazzetta dello Sport se posant comme élément fédérateur.

"ILS SONT PROPRIÉTAIRES DE L'IMAGE DU CLUB"
Dans les deux cas, madrilène et barcelonais, la vie des clubs et la passion fédérée dépassent la frontière sportive. Il est logique que cette opposition soit attisée par le régionalisme espagnol avec ici ses deux plus importants représentants. Impossible de créer un journal dans une de ces deux villes et de s'extraire du contexte politique, a fortiori quand ce dernier vous sert. "Leurs positionnements très clairs ont permis à ces journaux d'être devenus les propriétaires de l'image du club", remarque Ramon Llopis-Goig.
Cette passion fait partie du folklore du duel footballistique le plus réputé au monde. Loin d'être un détail, cette presse est lue chaque matin par des centaines de milliers de lecteurs. Le tirage de Marca avoisine par exemple les 360 000 exemplaires par jour, le deuxième meilleur score du pays derrière El País. Ceux des quotidiens barcelonais se chiffrent autour de 150 000. "Et plus la crise touche les journaux espagnols généralistes, mieux se porte la presse sportive", selon Juan Pedro Quiñonero. Si bien qu'elle influence les clubs qu'elle couvre.
"Si José Mourinho ne parle plus à la presse ces derniers jours, raconte Guillaume Bontoux, c'est clairement lié aux critiques faites par As, et si Manuel Pellegrini a été évincé il y a quelques années, Marca, qui avait titré "Casse-toi vite", n'y est pas pour rien." Loin de pouvoir concurrencer ces mastodontes, Ramon Llopis-Goig remarque tout de même l'émergence d'une troisième voie : "Un type de presse sportive est récemment apparu, sérieux et compétent, avec des revues comme Quality Sport et surtout Panenka." Une autre presse sportive "es posible".
source: lemonde.fr
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