Relégué à neuf points de la troisième place avant d'accueillir Valenciennes mercredi (19h00), lors de la 35e journée de Ligue 1, l'OL risque de ne pas disputer la prochaine Ligue des champions. Une première depuis treize ans, qui lui promet des lendemains difficiles. Enquête.
Jean-Michel Aulas est un président comblé. Du moins, en apparence. Le boss de l'OL a accueilli avec un large sourire la victoire en Coupe de France. Quatre ans qu'il attendait désespérément un trophée. Son visage aurait pourtant une bonne raison de se crisper : à moins d'un miracle, son club, celui qu'il dirige depuis 1987, celui qu'il a hissé très haut dans les années 2000, ne jouera pas dans la cour des grands la saison prochaine. Lyon a laissé trop de points en route pour accrocher son ticket en Ligue des champions : avant de recevoir Valenciennes mercredi (19h00), la bande à Rémi Garde en compte neuf de retard sur cette troisième place de Ligue 1 tant convoitée. A quatre journées du dénouement, c'est un gouffre. A priori infranchissable. JMA s'est déjà fait une raison : 2011-2012 restera comme la saison où son OL aura réappris à gagner. Celle, aussi, à l'issue de laquelle les Gones auront, probablement, échoué dans leur quête d'une treizième campagne consécutive en C1.
Lundi soir, au micro de RMC, le président Aulas s'est efforcé de dédramatiser la situation. En lâchant cette confidence, aux vertus auto persuasives : "Si on n’est pas en Ligue des champions, ce ne sera pas un échec." Ce discours, le patron rhodanien ne l'avait jamais tenu dans des termes aussi résignés. Pas plus tard que la semaine dernière, dans les colonnes de L'Equipe, il martelait combien la plus prestigieuse compétition européenne était vitale pour la pérennité de son club. A un moment où ses cadres, Hugo Loris en tête, n'avaient qu'une obsession : soulever, enfin, un trophée, parce que, soulignait le gardien international, "un club se construit pas des résultats". Parce que la "réalité sportive" prime sur la "réalité économique".
Le revers d'une politique audacieuse
La "réalité", la vraie, est plus tranchée : l'OL a sans doute perdu beaucoup plus qu'il ne l'imaginait l'année où il a dépoussiéré son armoire à trophées. La perspective de ne pas jouer la prochaine Ligue des champions lui promet des lendemains difficiles. Et pour cause, elle augure d'un manque à gagner colossal. Wulfran Devauchelle, consultant Sport Secteur Public au sein du cabinet Kurt Salmon, le chiffre à "environ 20 millions d'euros, primes de participation et droits TV inclus". Une estimation qui accrédite la thèse selon laquelle Lyon serait dépendant de la Ligue des champions. "Economiquement, il l'est", certifie Devauchelle. Jugez plutôt : l'OL a engrangé 167,9 millions d'euros au gré de ses huit campagnes européennes entre 2003 et 2010. La saison prochaine, Lyon devra se contenter de la Ligue Europa, nettement moins rémunératrice que sa grande sœur (lire La Ligue Europa est moins rentable).
Dans ce contexte, Jean-Michel Aulas doit donc repenser toute sa stratégie. Le 21 octobre dernier, lors d'une conférence de presse téléphonique au cours de laquelle il avait présenté un exercice 2010-2011 moins déficitaire que le précédent (28 millions d'euros, contre 35 en 2009-2010), il appelait déjà à "réduire le train de vie du club". Traduction ? "Continuer d'abaisser la masse salariale", "négocier au plus près les reconductions de contrats en intégrant des jeunes". Car l'OL paie aujourd'hui les errements d'une politique audacieuse. Durant l'été 2009, il s'est donné les moyens de grandir en déboursant 77,5 millions d'euros pour enrôler Lisandro Lopez, Aly Cissokho, Michel Bastos et Bafétimbi Gomis. Résultat : Lyon s'est bien hissé en demi-finale de la Ligue des champions. Mais ce coup d'éclat a plombé ses finances. "L'OL a longtemps développé une expertise sans équivalent sur le marché des transferts, souligne Frédéric Bolotny, économiste du sport. Il faisait preuve d'une vraie science dans l'achat et la vente de ses joueurs. Cela lui garantissait de fortes plus-values. Depuis trois ans, le club a pris des options risquées, en investissant massivement sur des joueurs de renommée, et donc onéreux."
Les réserves ont bien fondu
Lundi soir, au micro de RMC, le président Aulas s'est efforcé de dédramatiser la situation. En lâchant cette confidence, aux vertus auto persuasives : "Si on n’est pas en Ligue des champions, ce ne sera pas un échec." Ce discours, le patron rhodanien ne l'avait jamais tenu dans des termes aussi résignés. Pas plus tard que la semaine dernière, dans les colonnes de L'Equipe, il martelait combien la plus prestigieuse compétition européenne était vitale pour la pérennité de son club. A un moment où ses cadres, Hugo Loris en tête, n'avaient qu'une obsession : soulever, enfin, un trophée, parce que, soulignait le gardien international, "un club se construit pas des résultats". Parce que la "réalité sportive" prime sur la "réalité économique".
Le revers d'une politique audacieuse
La "réalité", la vraie, est plus tranchée : l'OL a sans doute perdu beaucoup plus qu'il ne l'imaginait l'année où il a dépoussiéré son armoire à trophées. La perspective de ne pas jouer la prochaine Ligue des champions lui promet des lendemains difficiles. Et pour cause, elle augure d'un manque à gagner colossal. Wulfran Devauchelle, consultant Sport Secteur Public au sein du cabinet Kurt Salmon, le chiffre à "environ 20 millions d'euros, primes de participation et droits TV inclus". Une estimation qui accrédite la thèse selon laquelle Lyon serait dépendant de la Ligue des champions. "Economiquement, il l'est", certifie Devauchelle. Jugez plutôt : l'OL a engrangé 167,9 millions d'euros au gré de ses huit campagnes européennes entre 2003 et 2010. La saison prochaine, Lyon devra se contenter de la Ligue Europa, nettement moins rémunératrice que sa grande sœur (lire La Ligue Europa est moins rentable).
Dans ce contexte, Jean-Michel Aulas doit donc repenser toute sa stratégie. Le 21 octobre dernier, lors d'une conférence de presse téléphonique au cours de laquelle il avait présenté un exercice 2010-2011 moins déficitaire que le précédent (28 millions d'euros, contre 35 en 2009-2010), il appelait déjà à "réduire le train de vie du club". Traduction ? "Continuer d'abaisser la masse salariale", "négocier au plus près les reconductions de contrats en intégrant des jeunes". Car l'OL paie aujourd'hui les errements d'une politique audacieuse. Durant l'été 2009, il s'est donné les moyens de grandir en déboursant 77,5 millions d'euros pour enrôler Lisandro Lopez, Aly Cissokho, Michel Bastos et Bafétimbi Gomis. Résultat : Lyon s'est bien hissé en demi-finale de la Ligue des champions. Mais ce coup d'éclat a plombé ses finances. "L'OL a longtemps développé une expertise sans équivalent sur le marché des transferts, souligne Frédéric Bolotny, économiste du sport. Il faisait preuve d'une vraie science dans l'achat et la vente de ses joueurs. Cela lui garantissait de fortes plus-values. Depuis trois ans, le club a pris des options risquées, en investissant massivement sur des joueurs de renommée, et donc onéreux."
Les réserves ont bien fondu
"Onéreux", et pas forcément rentables : l'OL attend toujours les retombées liées au transfert de Yoann Gourcuff. Acheté 22 millions d'euros à Bordeaux, le meneur de jeu international devait générer des recettes marketing sans précédent.
C'était sans compter sur la méforme persistante et les blessures récurrentes du Breton, dont le salaire annuel, évalué à 5,3 millions d'euros hors contrats publicitaires, pèse aujourd'hui considérablement sur les comptes de l'OL. Il n'est pas le seul. La masse salariale du club rhodanien flirte avec les 80 millions d'euros. Elle reste la plus élevée du football français, même si Aulas l'a déjà réduite d'environ 20 millions. Non pas pour anticiper une non-participation à la Ligue des champions. Mais parce que "l'OL a manqué une marche dans son plan de développement économique", souligne Wulfran Devauchelle. "Lyon prévoyait une entrée dans son nouveau stade à l'horizon 2010. Cela lui aurait assuré des recettes supplémentaires. Environ 15 millions d'euros par an rien qu'en billetterie. Si l'OL avait eu son stade dans les temps, il n'aurait pas connu ce passage à vide. Mais le projet a pris quatre ans de retard."
Pour le combler, Jean-Michel Aulas n'a pas eu d'autre choix : il a dû piocher dans son fameux "trésor de guerre". Dans ses "réserves, constituées comme des petits écureuils". Au 30 juin 2009, l'OL avait 167,8 millions d'euros de côté. Au 31 décembre 2011, ses capitaux propres sont passés sous la barre des 100 millions. "Cette baisse est spectaculaire, convient Bolotny. Mais elle s'explique par la succession d'exercices déficitaires." "L'argent a été levé pour combler les résultats négatifs de l'OL", confirme Devauchelle. Mais les deux experts sont unanimes : à moyen terme, Lyon n'est pas danger. "L'OL a assez de fonds propres pour tenir", prédit Devauchelle. "Lyon est un club très bien géré. Il a effectivement de quoi voir venir, renchérit Bolotny. Au niveau européen, peu de clubs peuvent se vanter d'avoir de telles réserves."
Vendre, pour faire le dos rond
Toujours est-il que l'absence de Ligue des champions ne va pas arranger ses affaires. Elle va obliger le club aux seize trophées depuis 2001 à faire des choix. "A trouver un équilibre, explicite Bolotny, pour enrayer une situation financière dégradée, conserver une dynamique sportive, le tout sans compromettre sa capacité d'investissement dans le nouveau stade." Car à vouloir posséder à tout prix son Stade des Lumières, en prônant un financement 100% privé dont les contours sont encore très flous, l'OL se retrouve entre deux feux. Il doit, comme le soufflait le président Aulas lui-même en octobre, "vendre encore deux à trois joueurs avant le 30 juin". "Non pas pour réaliser des fortes plus-values, comme lors des ventes d'Essien, Diarra et Benzema, justifie Devauchelle, mais pour limiter les pertes" d'un exercice 2011-2012 que l'on imagine lui aussi déficitaire.
Sauf que dans le même temps, il ne doit pas trop se démunir, au risque de "revoir ses ambitions à la baisse". Devauchelle résume : "Pour attirer des joueurs de premier plan, il faut jouer la Ligue des champions. Et pour jouer la Ligue des champions, il faut des grands joueurs." Que Jean-Michel Aulas, tiraillé par la nécessité de "retrouver des comptes équilibrés dans les deux années à venir", n'a plus les moyens d'attirer. En attendant des jours meilleurs, le président lyonnais fait donc le dos rond. Tout en croisant les doigts pour que son club regoûte au plus vite aux folles soirées de la Ligue des champions. "Un plus économique", dixit JMA, mais aussi "une question de frissons". Plus terre à terre, Frédéric Bolotny estime que Lyon se doit de jouer la C1 dès la saison 2013-2014. "Ce serait, dit-il, la meilleure façon d'enclencher une dynamique, d'attirer des sponsors et d'élargir son public avant de rentrer dans son nouveau stade." Sinon ? "Sinon, l'OL devra encore piocher dans ses réserves." En trois ans, elles ont fondu comme neige au soleil.
Vendre, pour faire le dos rond
Toujours est-il que l'absence de Ligue des champions ne va pas arranger ses affaires. Elle va obliger le club aux seize trophées depuis 2001 à faire des choix. "A trouver un équilibre, explicite Bolotny, pour enrayer une situation financière dégradée, conserver une dynamique sportive, le tout sans compromettre sa capacité d'investissement dans le nouveau stade." Car à vouloir posséder à tout prix son Stade des Lumières, en prônant un financement 100% privé dont les contours sont encore très flous, l'OL se retrouve entre deux feux. Il doit, comme le soufflait le président Aulas lui-même en octobre, "vendre encore deux à trois joueurs avant le 30 juin". "Non pas pour réaliser des fortes plus-values, comme lors des ventes d'Essien, Diarra et Benzema, justifie Devauchelle, mais pour limiter les pertes" d'un exercice 2011-2012 que l'on imagine lui aussi déficitaire.
Sauf que dans le même temps, il ne doit pas trop se démunir, au risque de "revoir ses ambitions à la baisse". Devauchelle résume : "Pour attirer des joueurs de premier plan, il faut jouer la Ligue des champions. Et pour jouer la Ligue des champions, il faut des grands joueurs." Que Jean-Michel Aulas, tiraillé par la nécessité de "retrouver des comptes équilibrés dans les deux années à venir", n'a plus les moyens d'attirer. En attendant des jours meilleurs, le président lyonnais fait donc le dos rond. Tout en croisant les doigts pour que son club regoûte au plus vite aux folles soirées de la Ligue des champions. "Un plus économique", dixit JMA, mais aussi "une question de frissons". Plus terre à terre, Frédéric Bolotny estime que Lyon se doit de jouer la C1 dès la saison 2013-2014. "Ce serait, dit-il, la meilleure façon d'enclencher une dynamique, d'attirer des sponsors et d'élargir son public avant de rentrer dans son nouveau stade." Sinon ? "Sinon, l'OL devra encore piocher dans ses réserves." En trois ans, elles ont fondu comme neige au soleil.
Source : eurosport.fr
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