"Je suis vidé, je dois me reposer. Mais je m'en vais très heureux", a déclaré le Catalan qui sera remplacé par son adjoint Tito Vilanova. Un soupçon de continuité pour conjurer la fin d'un cycle exceptionnel.
L'information bruissait depuis plusieurs semaines mais personne n'osait y croire. Sandro Rosell, le président du FC Barcelone, puis Pep Guardiola lui-même, ont annoncé la fin de leur aventure commune, vendredi 27 avril. Le Catalan quitte ses fonctions d'entraîneur du club. "C'est le plus grand entraîneur passé par le Barça" a déclaré, en forme d'hommage le président Rosell devant un parterre de journalistes, de photographes et de joueurs.
Ces derniers, le visage grave à l'image de Xavi ou Puyol, les leaders du vestiaire sont apparus marqués par la décision qui leur avait été annoncée au préalable. Un absent néanmoins, Lionel Messi. Le triple ballon d'or, couvé par son coach depuis quatre ans, n'a pas tardé à réagir sur sa page facebook :
"Avec toute l'émotion que j'ai ressentie aujourd'hui, j'ai préféré ne pas venir à la conférence de presse de Pep... Je veux le remercier de tout coeur pour ce qu'il m'a apporté dans ma vie professionnelle mais aussi privée. Tous les journalistes cherchent des marques de tristesse chez nous, les joueurs. J'ai décidé de garder tout ça pour moi"."Vous n'imaginez pas le plaisir qu'ils m'ont donné"
La décision était prise depuis le mois d'octobre et il espère qu'elle n'a pas eu d'influence sur l'équipe. L'entraîneur le plus titré du FC Barcelone justifie ainsi sa décision :
"Je suis vidé, usé et je dois me reposer, quatre ans c'est une éternité."
Les observateurs ont, en effet, souvent souligné son investissement total, que ce soit au niveau technique, tactique mais aussi psychologique. "Je remercie les joueurs. Je n'imaginais pas pouvoir vivre de tels moments. J'ai gardé mes yeux d'enfants au Barça."
"Je m'en vais en paix avec moi-même (...), avec la sensation d'un travail bien fait. Et je le dis après avoir perdu deux titres", a-t-il ajouté, après l'élimination du club catalan par Chelsea en demi-finale de la Ligue des champions et en attendant le probable sacre du Real Madrid en championnat : "Vous n'imaginez pas le plaisir qu'ils m'ont donné. Moi, quand j'imaginais un match, eux le rendaient possible."
Possible d'aligner une feuille de statistiques à froisser les toujours impeccables costards sur mesure qui ont alimentés la légende de "Pep le Catalan" : 242 matches avec Barcelone, pour 175 victoires, 46 nuls et 21 défaites, 618 buts marqués pour 178 encaissés (source Opta).Vilanova, l'adjoint successeur
Alors que le nom de Marcelo Bielsa (Bilbao) circulait, c'est l'adjoint de Guardiola, Tito Vilanova, qui prend la succession. Cette nomination, sur proposition du directeur sportif Andoni Zubizarreta, clos immédiatement un débat qui n'aurait pas manqué de s'ouvrir. A la grande surprise des spécialistes.
"L'équipe fonctionnait grâce à notre duo" a analysé Guardiola qui a été consulté sur le choix de son remplaçant. "J'ai dit à Tito que s'il se sentait assez fort il devait y aller.»
Lueur d'espoir et source d'inquiétude à la fois pour les fans barcelonais, il a annoncé "[qu'] il recommencera bientôt à entraîner", précisant toutefois que ce n'est pas pour "tout de suite"? Car il "n'en a pas envie".
Arsène Wenger a été l'un des premiers à réagir à cette information :
C’est une surprise pour moi, confie l’entraîneur d’Arsenal. Après les déceptions qu’il a pu vivre contre le Real ou Chelsea ces derniers jours, ce n’est peut-être pas le moment pour prendre une décision. Je crois que la philosophie du Barça est d’être au-dessus d’un championnat gagné ou perdu."
Déjà l'an dernier, Pep Guardiola sous-entendait que la saison 2011-2012 pourrait être sa dernière à Barcelone. "Je crois que mon temps à Barcelone est en train de se terminer", avait-il dit dans un entretien avec la chaîne de télévision italienne Rai.La tentative désespérée de la presse catalane
La presse sportive espagnole ne s'y était donc pas trompée, elle qui a titré vendredi sur ce départ. "Les garçons, je quitte le Barça" : pour le quotidien madrilène "Marca", le couperet était en effet déjà tombé. "Pep s'en va" : le même gros titre barrait la Une des deux journaux sportifs catalans, "Mundo deportivo" et "Sport", qui annoncaient eux aussi le départ de Pep Guardiola, après quatre ans à la tête de l'équipe, couronnés par 13 titres.
"La décision est prise, mais l'espoir fait vivre. Où seras-tu mieux qu'au Barça ?", lançait en désespoir de cause "Sport", par-dessus une grande photo de Pep Guardiola assis, mains jointe et visage baissé.
Pep Guardiola, 41 ans, a depuis son arrivée mené le club vers des sommets : deux fois vainqueur en Ligue des champions (2009, 2011), deux fois champion du monde des clubs (2009, 2011), trois fois victorieux en Liga (2009, 2010, 2011), il a aussi remporté une Coupe du Roi (2009), deux Super coupes d'Europe (2009, 2011) et trois Super coupes d'Espagne (2009, 2010, 2011).
Avant de quitter, au bord des larmes, la salle de presse du FC Barcelone, Pep Guardiola a déclaré : "J'aurais pu rester mais je n'aurais pas été l'entraîneur que le club mérite." A l'humilité à et à la lucidité de leur coach, les Barcelonais auront à coeur de répondre par une victoire face à l'Athletic de Bilbao en finale de la Coupe du Roi. Une dernière fois. Avant de se projeter sur l'avenir, de se réinventer et de gagner à nouveau car, "seuls ceux qui gagnent ont raison".
Réf : nouvelobs.com
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