Rennes au bord de la crise de nerfs

C'est peu de dire que la défaite rennaise face à Quevilly mercredi soir en demi-finale de la Coupe de France a laissé des traces en Bretagne. D'où des tensions inhabituelles et des heurts jeudi entre supporters, joueurs et même entraîneur. La fin de saison s'annonce bien longue, à moins que le groupe ne se révolte, dès lundi face à Nice...

Antonetti et M'Vila se sont heurtés à des supporters. (Reuters)

Encore une saison blanche pour le Stade Rennais ? Piteusement éliminé mercredi de la Coupe de France, le club breton va tenter d'ici le 20 mai, date de la 38e et dernière journée de Ligue 1, de sauver un bilan qui, s'il s'arrêtait aujourd'hui, serait une fois de plus vierge d'accessits. Mais en a-t-il les moyens et l'envie ? La question mérite d'être posée à propos d'une équipe qui, à chaque fois qu'elle a l'occasion de franchir un cap, a une fâcheuse tendance à flancher mentalement. On se souvient de sa défaite en finale de la Coupe de France en 2009 face à des Guingampais survoltés, celle de mercredi contre Quevilly en est une illustration encore plus flagrante.

 Alors qu'ils avaient fait le nécessaire en début de match pour se mettre à l'abri d'une mauvaise surprise, les partenaires de Costil, le seul à tenir son rang sur le pré, ont sombré après le repos, incapables de résister à la furia normande. Pas de patron à même de remobiliser les troupes sous la tempête, trop d'individualisme et pas de jeu collectif, le Stade Rennais a finalement tendu le bâton pour se faire battre. Au moment de rejoindre les vestiaires du stade Michel-D'Ornano, certains ont filé tête basse, d'autres, comme Costil, sont restés longtemps prostrés sur la pelouse, conscients d'avoir laissé filer une occasion en or de marquer enfin l'histoire d'un club dont le dernier trophée remonte à la Coupe de France... 1971.

"On va se faire massacrer, mais je pense qu'on le mérite"

Après la rencontre, Frédéric Antonetti a tenu un discours dur pour ses joueurs, lâchant, la mine défaite: "Je ne vais pas défendre l'indéfendable. Je savais qu'on avait des faiblesses psychologiques, mais pas à ce point. La peur de jouer nous a totalement inhibés. Il y a un manque de personnalité et de responsabilité." Et le technicien corse de justement mettre les partenaires de Yann M'Vila devant leurs responsabilités: "Mes joueurs ont tous envie de jouer la Ligue des champions, mais s'ils ne sont pas capables de résister à une demi-finale de Coupe de France... J'en tirerai tous les enseignements. On va se faire massacrer, mais je pense qu'on le mérite."

L'ancien Niçois ne croyait pas si bien dire... Le retour en Bretagne dans la nuit de mercredi à jeudi a en effet été particulièrement houleux, avec un comité d'accueil véhément sur le parking des joueurs au stade de la Route de Lorient qui a fait sortir le coach breton de ses gonds. L'intéressé, calmé, s'en est expliqué par la suite: "Je comprends parfaitement que les supporters puissent exprimer leur mécontentement. Maintenant, je tiens à préciser deux choses. La première, c'est que leur déception ne sera jamais équivalente à la mienne, celle du staff et celle des joueurs, peut-on lire sur le site de Ouest-France. Deuxième point, si j'ai réagi dans la nuit de mercredi à jeudi, ce n'est pas en raison du mécontentement des supporters mais parce que l'un d'eux a voulu donner des coups de pied dans ma voiture. Cela, je ne l'accepte pas. Je peux tout comprendre, mais pas ça."

 Cet incident n'est pas resté isolé, puisque jeudi, c'est Yann M'Vila qui a failli en venir aux mains avec des supporters: ne supportant pas le "Bande de guignols" lancé par l'un d'eux au moment où il sortait en voiture du centre de la Piverdière, le milieu de terrain international a voulu s'expliquer, avant d'être maîtrisé par un agent de sécurité. Preuve d'une nervosité certaine chez un joueur qui a du mal à trouver son second souffle, alignant les performances quelconques, pas franchement le meilleur moment à quelques semaines de ce qu'il espère son premier grand rendez-vous sous le maillot de l'équipe de France, l'Euro 2012. Nul doute en tout cas que Frédéric Antonetti aimerait voir la même révolte chez ses joueurs... mais sur le terrain. Car ils ont encore la possibilité de sauver leur honneur (et leur saison) en décrochant une place qualificative pour la Ligue Europa, sachant qu'en fonction des résultats de Lyon en Ligue 1 et lors des deux finales de Coupe, la cinquième place, dont ils ne sont qu'à deux points, pourrait être européenne. Auront-ils les moyens psychologiques de se relancer ? Début de réponse lundi face à Nice...
Réf : nouvelobs

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